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Les sources de la connaissance scientifique

Le savoir populaire est à la méthode scientifique ce que l’intuition est à la logique. Les deux partagent les mêmes sources de connaissance : la perception, l’intuition et la logique.

Couverture PDF de la Méthode Scientifique Globale. Arbre de la connaissance aux feuilles roses.

 

LA METHODE SCIENTIFIQUE GLOBALE

PHILOSOPHIE DES SCIENCES

Auteur: José Tiberius

 

 

1.c) Sources du savoir et ses caractéristiques

L’être humain a une tendance innée à l’apprentissage.

Ce qu’on appelle le savoir populaire est si ample et si complexe qu’il utilise des expressions contextuelles pour transmettre des concepts qu’il serait compliqué ou chronophage de livrer d’une autre manière. Un échantillon très intéressant d’une de ces mille expressions est l’équivalent anglais ou espagnol, respectivement de ««« Curiosity killed the cat »»»»» et ««« la curiosidad mató al gato »»»»», la curiosité a tué le chat. C’est expression est très similaire à la phrase du paragraphe précédent mais elle n’implique personne.

Immanuel Kant (Image du domaine public)
Immanuel Kant sur fond noir et blanc et noir.

Au contraire, on pourrait rapidement questionner l’exactitude de la première phrase : -Pourquoi seulement les êtres humains ? Est-on sûr que c’est inné ? Quelle est la partie qui s’apprend et quelle est la partie instinctive ? Est-ce seulement une tendance ou est-ce une caractéristique intrinsèque et opérante en permanence ? Elle se produit seulement dans le domaine du conscient ou aussi celui de l’inconscient ? Et nous pourrions poursuivre ainsi jusque…Ah ! On en aurait presque oublié : qu’est-ce qu’un être ?

En des termes moins formels, la discussion serait à propos de l’origine de la connaissance : exclusivement de l’expérience (empirisme - Locke), ou le contraire (innéisme - Leibniz) ou un compromis historique des deux (apriorisme - Kant)

Nous verrons ensuite l’efficacité du savoir populaire ; il a cependant, de par ces caractéristiques, un grand inconvénient, on ne peut pas toujours y croire, en de nombreuses occasions il est ironique, une petite variation contextuelle peut inverser sa signification, dans d’autres cas il prétend rendre la vie plus facile avec humour par le biais de d’idée dans la tête, parfois même en inversant de manière prémédité les éléments de cause et effet, etc.

Pour éviter toute cette série d’inconvénients, on a développé la méthode scientifique qui, dans sa version stricte, compte trois méthodes principales pour être acceptée par la majorité de la communauté scientifique. On signale également de nombreuses méthodes particulières en fonction du sujet étudié, plus ou moins acceptées et normalement elles se réfèrent à des caractéristiques complexes.

On pourrait dire que le savoir populaire est à la méthode scientifique ce que l’intuition est à la logique. Les deux partagent les mêmes sources de connaissance : la perception, l’intuition et la logique. Ils partagent les problèmes relatifs aux éléments contextuels et la difficulté de séparation cause et effet.

La créativité peut également être incluse en tant que source de connaissance tant populaire que scientifique. Comme exemple de source du savoir populaire, on peut prendre ««« pense mal et vous aurez raison»»»»» et pour illustration de la créativité comme source de la connaissance scientifique serait ««« la folie du génie »»»»».

Dans la conception des caractéristiques de la méthode scientifique, ce sont l’objectivité et la sécurité qui sont recherchées et c’est pourquoi elle ne commet généralement pas d’erreurs ; au contraire, le savoir populaire est beaucoup plus efficace pour transmettre une idée complexe ; en effet, nous y avons tous recours avec assiduité.

Par rapport aux caractéristiques de la source de la connaissance, la logique ne devrait pas non plus commettre d’erreurs car, au contraire, elle cesserait d’être logique et on en viendrait à la considérer comme une pure spéculation.

La source de la connaissance de l’intuition commet des erreurs elle, car bien qu’elle n’ait pas la sécurité souhaitée dans le début des raisonnements, elle ne s’arrête pas et continue avec des arguments partiels, arrivant à des conclusions qu’elle ne peut elle-même ni confirmer ni rejeter. En se libérant d’une dépendance à la sécurité, sa puissance est bien plus établie que celle de la logique.

En même temps qu’elle accumule des arguments partiels, sa marge d’erreur va en augmentant et, pour autant, son efficacité diminue. A l’occasion cependant, après une longue argumentation ou pensée, dans laquelle la conclusion finale est associée à une marge d’erreur élevée, il se produit un fait intéressant qui permet d’améliorer significativement son efficacité : à la vue de la conclusion, nous nous trouvons face à une voie distincte qui incrémente la fiabilité. Mais dans ce cas, nous nous trouvons plutôt sur la ligne de créativité que celle de l’intuition.

Cela pourrait être le cas de la Théorie Générale de l’Evolution Conditionnée de la Vie, son exposé philosophique est un peu aventureux et choquant par rapport aux croyances les plus communes de la société, ses hypothèses de fonctionnement génétiques sont assez audacieuses, etc., mais, au final… des moyens de vérifications empiriques sont proposés ! Et ça continue !

Bien sûr, à certaines occasions, les évidences contre une position peuvent être accablantes et même si, à continuer sur un raisonnement avec une marge d’erreur presque insupportable, on pourrait dire que, si au final on réussit à découvrir une voie pour la validation empirique, on a une 5ème source de connaissance : la folie ; ou ce que d’une certaine manière, on pourrait considérer de la même façon, l’amour, ou mieux, la folie de l’amour, ou…il vaut mieux ne pas donner d’exemples historiques.

Une autre caractéristique intéressante et différente du binôme perception-réalité est celle relative à la relation entre théorie scientifique et réalité, largement traité par le Cercle de Vienne.
Il existe trois interprétations des relations entre la théorie et la réalité (observation) : le réductionnisme, le réalisme et l’instrumentalisation ou conventionnalisme.

Le réductionnisme circonscrit la théorie scientifique au monde de l’observable, en le convertissant en une simplification des observations. Le réalisme admet que des entités déterminées ne soient pas observables mais il requiert qu’elles soient réelles, c’est-à-dire qu’elles existent indépendamment de l’esprit. De son côté, l’instrumentalisation ou conventionnalisme le conceptualise comme un instrument utile qui permet de réaliser des prédictions.

Sincèrement, l’utilitarisme qui se met en avant face à la rationalité me parait plus technique que scientifique mais je suppose que ce sont des thèmes qui suivent des modes, bien qu’ils puissent vivre pendant des siècles.